jeudi 16 décembre 2010

Il te faudra bien de l'habileté pour dérouler la fugacité dans le long ruban des jours.

mardi 14 décembre 2010

Les yeux noirs

Tu avais les yeux noirs, je portais un jean usé.
Il y a des moments de ma vie qui me sont aussi lointains que si je les avais rêvés.

http://www.youtube.com/watch?v=fusKcZjj7dg

jeudi 9 décembre 2010

"Comme c'est ennuyeux de vivre (et de mourir) en sa propre compagnie."

Jean-Claude Pirotte, La pluie à Rethel.

dimanche 5 décembre 2010

‎"Les grandes époques de notre vie sont celles où nous avons enfin le courage d'appeler le mal qui nous habite la meilleure part de nous-mêmes." 

Nietzsche, l'éternel ami.

dimanche 17 janvier 2010

Calcutta




Calcutta, ça sonne d'abord et puis ça continue ensuite, dans le vrai, ça va vite et c'est jaune, de ce jaune mat et pur des taxis, des barrières, des tissus, ça s'étend larges avenues et se rétrécit bazar indien, pneus, papiers, clous, et au milieu des hommes, beaucoup, beaucoup, encore plus, ça n'arrête pas, mais dans le calme, gestes lents, apaisés, regards clairs peut-être même un sourire, Calcutta, c'est jaune et ça continue encore longtemps après, jusqu'au bout.

samedi 12 décembre 2009

Les hommes

Il y a les hommes-troncs, les hommes-valises, les hommes-citernes, les hommes-bicyclettes dont les roues font office de jambes et moulinent l’avenue, les hommes souples, on les voit arriver ils sont au ras du sol, leurs jambes font des tours, des huit, des figures libres, ce sont les plus étranges leurs jambes sont déliées, elles s’écartent et elles s’ouvrent, elles raclent le sol, noires, et l’homme, juché sur ses mains, est au-dessus, à côté. Il y a les hommes-planches, dont le bassin roule sur une jolie planchette de bois obscur – ils ont, chance, leurs mains libres pour mendier. Il y a l’estropié recomposé, qui lance avec ferveur sa prothèse sur le bitume, l’amputé qui attend encore son tour sur le banc de l’hôpital de Jaipur ou d’ailleurs, entouré de ses compagnons d’infortune. Il y a, dans un recoin de la ville, l’homme-gorille, dont le haut du corps a été, par un mécanisme à rebours de l’histoire, jeté vers l’avant et le sol, qui n’a plus que ses deux poings serrés pour prendre appui sur la terre et retrouver l’équilibre.
C’est qu’on le perd beaucoup, ici.

mercredi 25 novembre 2009

Bestiaire indien. 2

Les chiens. Parlons-en puisqu’il faudra bien, à un moment ou un autre, en parler. Les chiens indiens sont pâles, apeurés, il s’allongent à l’ombre pour regarder leurs puces sauter. La vie n’est pas tendre pour eux comme pour les autres. Les chiens soufflent sous le soleil. Leur poil est ras et parsemé de chancres. Ils ont le museau fin du chien des Simpsons, son air discret aussi. Ils aimeraient bien manger mais ils n’osent ni la patte. Ils ont dû oser un jour et s’en sont repentis ; depuis, ils végètent. Ils attendent que la gale ait raison de leur corps. Ils aimeraient attaquer, peut-être, de biais, sans être vus, mais ils n’en ont plus la force. On les piétine. Ils dorment sur des tas de sable, dans le caniveau, les ornières. Ils respirent tout bas, pour ne pas déranger. Ils sont les derniers.